
Franck Dubosc nous présente
Un ours dans le Jura
De passage à Montréal l’automne dernier, Franck Dubosc a présenté son dernier film, Un ours dans le Jura, dans le cadre du Festival Cinémania. Pour l’occasion, il s’est entretenu avec nous et nous a parlé de ce troisième long-métrage, actuellement à l’affiche dans nos salles de cinéma.
La piqûre du voyage, Jeanne l’a eue très tôt, car ses parents l’ont souvent emmenée en camping ou en vacances à droite et à gauche, lorsqu’elle était petite. Toutefois, dans la vingtaine, bien qu’elle pratiquât beaucoup la photo amateur, la jeune femme se destinait à une autre carrière et suivait des études en administration à l’UQAM. « Je n’ai pas cherché à ce que voyager devienne mon travail », raconte-t-elle. Ayant un budget limité, Jeanne faisait à l’époque de courtes escapades au Québec dont elle publiait quelques photos sur son compte Instagram. Petit à petit, son entourage, puis de plus en plus de personnes, lui ont demandé de leur faire des suggestions de courts séjours à faible coût. « Ma niche s’est faite tranquillement. » À 22 ans, elle a décroché quelques contrats de photographe de voyage. Quatre ans après, elle décidait de se lancer à temps plein. « Je suivais beaucoup de photographes américains sur les réseaux sociaux et je voyais que plusieurs d’entre eux collaboraient avec des marques en technologie. Je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque chose à faire au Québec », explique-t-elle.
VOUS NOUS AVIEZ HABITUÉS À DES COMÉDIES POPULAIRES OU ROMANTIQUES. ICI, ON EST DANS UN UNIVERS PLUS NOIR; IL Y A DES MORTS, DU SANG, DES TRÈS MÉCHANTS, UN PEU COMME DANS LES FILMS DES FRÈRES COEN. COMMENT VOUS EST VENUE L’IDÉE D’UN OURS DANS LE JURA?
J’avais envie de campagne française, d’amour et d’un film qui donnerait dans le genre de cinéma que j’aime en tant que spectateur, comme les films des frères Coen que vous mentionnez, justement. Un genre où on ose aller plus loin que dans nos vraies vies.
DANS LE FILM, VOUS FORMEZ UN COUPLE AVEC LAURE CALAMY, QUI EST FORMIDABLE, ET QU’ON A PU DÉCOUVRIR DANS LA SÉRIE APPELEZ MON AGENT. POURQUOI AVOIR PENSÉ À ELLE POUR LE RÔLE?
Laure a ce côté femme ordinaire qui a beaucoup de charme, sans que ce soit péjoratif. En tant qu’actrice, elle peut jouer des rôles très drôles, mais aussi dramatiques. Elle peut faire rire et, dans la seconde qui suit, faire pleurer. C’est rare chez un acteur. Benoît Poelvoorde est aussi comme ça. Dans le même moment, il peut faire rire et émouvoir.
TOUT LE FILM NOUS PLONGE DANS UN DRAME ANCRÉ DANS L’ORDINAIRE. POURQUOI AVOIR CHOISI CET ANGLE?
J’aime les films dans lesquels des gens ordinaires vivent des choses extraordinaires. C’est aussi le cas des personnages d’Un ours dans le Jura. On part de choses qui existent, de gens qui vivent des situations. J’aime que l’un de mes gendarmes ait eu le rhume pendant le tournage du film. C’est un détail, mais on ne voit jamais à l’écran un personnage qui a le rhume! Mes personnages vont aussi au supermarché, ils font leurs courses. Je voulais qu’on puisse facilement les aimer parce qu’on les connaît.


IL N’Y A PAS D’OURS DANS LE JURA, MAIS DANS LE FILM, IL Y EN A VRAIMENT UN! EST-CE QUE ÇA A ÉTÉ COMPLIQUÉ DE TOURNER AVEC CET ANIMAL?
Oui, car c’était un ours apprivoisé, né en captivité, donc pas sauvage. Il a donc fallu créer de la dangerosité et le faire courir pour le besoin des scènes. On a aussi fait très attention à lui. On l’a préservé encore plus qu’une star! Ses petites pattes devaient être protégées dans la forêt… On voulait un ours heureux!
VOUS VENEZ RÉGULIÈREMENT AU QUÉBEC. QUELLE EST VOTRE RELATION AVEC MONTRÉAL?
C’est ici que j’ai eu mes premiers succès, en 1999. Je dois beaucoup au public québécois, entre autres le fait de m’avoir donné le goût de continuer. À l’époque, je débutais en France. Je suis arrivé ici, et les salles se sont remplies, les gens ont ri. Je me suis alors dit que j’avais eu raison d’avoir choisi ce métier et que je reviendrais si ça ne marchait pas en France. Mais ça a fonctionné dans les deux pays.
C’EST VOTRE TROISIÈME FILM EN TANT QUE RÉALISTEUR. PENSEZ-VOUS CONTINUER À ALTERNER LE JEU ET LA RÉALISATION?
Pour le moment, oui. Mais avec le temps, si les rôles se font plus rares, je serai très heureux de ne faire que de la réalisation, même si c’est plus long de mettre en place un film.