
Laurent Pinabel, illustrateur et designer graphique de talent
Vous avez sans doute déjà admiré ses illustrations sur des affiches publicitaires, dans des livres ou même sur des canettes de bière. Son style en noir et blanc minimaliste, poétique et ludique, est en effet immédiatement reconnaissable. L’an dernier, Laurent Pinabel est également devenu auteur et a sorti son premier livre, Le Guerrier massaï.
Comment procèdes-tu lorsqu’on te confie un projet?
J’écris des mots sur une feuille de papier. Cette liste va faire surgir des images dans ma tête. Je vais ensuite la transposer sur papier puis sur mon iPad.
Quelles sont tes influences?
Je suis un grand amateur de Picasso et de Basquiat. Plus jeune, j’ai aussi beaucoup été inspiré par Ralph Steadman, un caricaturiste britannique.
Tu as collaboré plusieurs fois avec François Gravel pour de la poésie jeunesse aux Éditions les 400 coups. Comment as-tu procédé pour mettre en images ses textes?
Je propose toujours une lecture parallèle et non une illustration de ses poèmes. Mes dessins amènent le lecteur à une autre lecture, mais visuelle. J’ai ainsi vraiment le sentiment d’être un coauteur.
En 2021, tu as collaboré avec David Goudreault pour J’en appelle à la poésie, un slam qui encourage à intégrer la poésie dans tous les domaines de la société. Comment ce duo s’est-il formé?
C’est mon éditeur des Éditions les 400 coups qui a eu l’idée de nous réunir. Cette fois, il s’agissait d’une nouvelle collection pour adultes. On m’a envoyé le texte. Je bloquais parce qu’à la première lecture, j’avais l’impression de ne pouvoir rien apporter. Puis j’ai écouté le slam en boucle. La diction de David, sa verve, son ton m’ont permis de me lâcher. J’ai alors travaillé l’album comme si je faisais un carnet de croquis en me laissant porter par la musique. Cela lui a plu. Il a accepté toutes mes propositions.




Ton premier livre à titre d’auteur, Le Guerrier massaï, vient de partir en réimpression puisqu’il est sélectionné pour le Prix des Incorruptibles en France. Comment es-tu passé d’illustrateur à auteur?
Mon éditeur m’avait encouragé à faire un album complet. J’avais des idées, mais aucune de vraiment aboutie. Et puis un jour, alors que j’assistais à un spectacle interactif, on nous a demandé à nous le public de décrire nos plus anciens cauchemars. Le souvenir du guerrier massaï m’est revenu. J’avais mon idée de livre. C’est une histoire à 80 % autobiographique. Mon père avait ramené cette statue de voyage et, lorsque j’étais jeune, elle me terrifiait en même temps que d’évoquer l’invitation au voyage, à l’aventure. Ce printemps, grâce au Guerrier massaï, je vais partir dans plusieurs pays d’Asie. J’irai présenter mon livre dans les écoles francophones de Djakarta, Singapour, Hanoï, Shanghai, Hong Kong et Séoul. La réalité rejoint la fiction!
Tu peins depuis peu sur des planches à roulettes que tu récupères. Comment as-tu eu cette idée?
Le format m’intéressait. Cela me permettait aussi de renouer avec la peinture. Au départ, je les peignais simplement pour décorer mon atelier. Mais, après en avoir publié quelques photos sur les réseaux sociaux, des amis m’en ont commandé. J’ai alors commencé à les vendre. Je prépare d’ailleurs une exposition de mes planches pour l’année prochaine.
Et côté livres?
Je suis en train d’écrire ma deuxième BD roman. Aussi, en France sortira en février Sur la pointe des pieds [Éditions Motus], un livre écrit par Christophe Jubien que j’ai eu beaucoup de plaisir à illustrer. Et ma quatrième collaboration avec François Gravel, Comment insulter ses amis et autres poèmes débiles, sera dans les librairies à l’automne 2024.
