Les jardins imaginaires de Tuan Vu
Du 13 juin au 20 juillet, Tuan Vu exposera ses œuvres à la prestigieuse galerie Duran Mashaal à Montréal. Ingénieur durant de nombreuses années, cet artiste d’origine vietnamienne s’est rapidement imposé sur la scène artistique québécoise et internationale. Ses paysages tropicaux, ses scènes de jardins aux couleurs vibrantes ou encore ses peintures nocturnes intrigantes nous transportent dans un monde mystique où la joie, la sérénité et l’espoir dominent.
En seulement trois ans, Tuan Vu a su se faire un nom dans l’exigeant monde de l’art, exposant tour à tour seul ou en groupe à Montréal, New York, Singapour, Londres, Berlin et Paris. Il faut dire que cet ancien ingénieur en télécommunications a toujours peint, dessiné et pratiqué la photographie, même s’il ne le faisait qu’à temps perdu. C’est durant la pandémie que la décision de s’adonner entièrement à la peinture s’est imposée à lui comme une évidence. « J’ai réalisé que la vie passait vite et que c’était ma dernière chance pour accomplir mon rêve », nous confie-t-il.
Après une exposition solo à Londres ce printemps qui a connu un franc succès, l’artiste exposera ses œuvres à partir du 13 juin à la galerie Duran Mashaal à Montréal. Inspiré par sa rencontre au musée d’Orsay avec le mouvement nabi, il explorera la thématique des jardins et des parcs. « En 2022, lors d’un voyage à Paris, j’ai visité le musée d’Orsay et je me suis retrouvé seul au milieu d’une salle remplie d’œuvres de Bonnard, de Vuillard et d’autres peintres de ce groupe postimpressionniste. J’ai été extrêmement touché par la beauté des œuvres, la lumière et l’émotion qui s’en dégagent. »
Si l’influence des Nabis se retrouve dans l’œuvre de Tuan Vu notamment par le choix des couleurs, le peintre s’en distingue par cette façon bien à lui de combiner des paysages méditerranéens à une nature tropicale luxuriante, évoquant son enfance au Vietnam. Arrivé à Montréal en boat people en 1981, l’artiste a en effet conservé de nombreux souvenirs du jardin de sa grand-mère, qui ressurgissent dans ses toiles comme autant de paradis perdus. « J’étais trop jeune pour avoir été marqué par la guerre. Mais la nature vietnamienne, sa luxuriance, la beauté des femmes sont restées ancrées en moi », explique-t-il. Et d’ajouter : « Dans mes peintures, la nature est très présente, car l’être humain en dépend. S’il la traite mal, cela crée un déséquilibre. Les changements climatiques que l’on vit le démontrent ».
UN PROCESSUS DE CRÉATION UNIQUE
Au fil des ans, Tuan Vu a mis sur pied un processus de création unique qui consiste à rouler légèrement une toile humide contenant une palette de couleurs bien définie sur la peinture sur laquelle il travaille. Il en ressort un effet mystérieux semblable à une impression, comme si plusieurs paysages se fondaient sur le même plan. « J’aime raconter des histoires, mais laisser en même temps à celui qui regarde le pouvoir de faire les liens qu’il souhaite entre les divers éléments qui composent mes tableaux. » Pour renforcer l’aspect énigmatique de ses œuvres, l’artiste s’amuse d’ailleurs parfois à dissimuler des animaux ou des personnages derrière des palmiers ou des fleurs. « Il faut observer mes peintures attentivement pour en voir tous les détails. C’est un jeu avec celui qui regarde. »
Même si la dernière étape d’un tableau est très contrôlée, les différentes couches qui le composent laissent quant à elles une part au hasard et surtout à l’intuition. « La première couche appelle la deuxième, la deuxième, la troisième, etc. Ce lâcher-prise agit comme une thérapie pour moi. C’est parfois déroutant, mais peindre est comme un voyage à travers lequel il faut accepter l’imprévu », conclut-il.