Luc Poirier

Conjuguer avoir et être

Fondateur et président de la société Poirier, Luc Poirier est un homme d’affaires prospère, notamment dans le domaine de l’immobilier. Il a fait les manchettes en 2023 après avoir encaissé 220 millions de dollars de profits en vendant, avec des associés, un terrain à Northvolt. Mais qui se cache derrière l’entrepreneur visionnaire? Quels sont ses rêves? Que fait-il quand il ne travaille pas? C’est ce que nous avons voulu savoir en le rencontrant.

À QUEL MOMENT AVEZ-VOUS EU LA FIBRE ENTREPRENEURIALE?

À 14 ans. Je voulais m’inscrire au hockey, mais ma mère n’avait pas les moyens de me payer les cours. Elle bénéficiait de l’aide sociale. J’ai alors commencé à vendre et à échanger des cartes de hockey dans les cours d’école. J’en vendais à des amis et à des adultes aussi. Ensuite, j’ai lancé un premier magasin d’informatique à 18 ans. Ça a tellement bien marché que j’ai quitté l’université un an plus tard pour en ouvrir deux autres. Je les ai ensuite vendus à mon frère et je me suis lancé dans l’immobilier.

EST-CE DIFFICILE POUR UN ENTREPRENEUR DE TROUVER UN ÉQUILIBRE ENTRE LE TRAVAIL ET LA VIE PERSONNELLE?

Il ne faut pas être esclave de l’argent. Souvent, les entrepreneurs veulent en faire plus pour gagner plus, avoir un chalet, une grosse auto. Je ne cherche pas à faire plus d’argent. Ça fait longtemps que je pourrais arrêter de travailler, mais j’adore ce que je fais. J’aime surtout relever des défis. Quand on me dit que « c’est impossible », ça me motive! Je travaille maintenant huit mois par année.

QUE FAITES-VOUS QUAND VOUS NE TRAVAILLEZ PAS?

Je participe, entre autres, à des IRONMAN. Mon but est de faire tous les IRONMAN en Amérique du Nord et du Sud. Aussi, en septembre dernier, j’ai parcouru 1600 km à vélo à travers le Québec avec le Grand Tour D’écoles pour ramasser des fonds pour la Fondation Christian Vachon. J’essaie de rester en forme. L’hiver, je fais du ski et de la planche à neige avec ma femme et mes enfants. On aime aussi beaucoup voyager. Nous sommes allés en famille aux JO de Paris en juillet dernier.

VOYEZ-VOUS UN PARALLÈLE À FAIRE ENTRE L’ENTREPRENEURIAT ET LE SPORT?

Oui, dans les deux cas, c’est une question de mindset. Les sports d’endurance que je pratique durent des 12, 13 ou 14 heures. Il faut un mental solide. Tu es seul avec toi-même. J’aime me dépasser au travail et dans le sport. J’ai appris à nager il y a seulement deux ans. J’aimerais faire la traversée d’un grand plan d’eau, comme la traversée du lac St-Jean.

QUE REPRÉSENTE L’ARGENT POUR VOUS?

La liberté. Ma fille est malentendante. Grâce à nos moyens, nous avons pu mieux la soigner. Aussi, je peux choisir de travailler quand je veux. Mais l’argent ne m’a pas changé. Ma mère me disait toujours : « rappelle-toi d’où tu viens! ».

QU’AIMERIEZ-VOUS TRANSMETTRE À VOS ENFANTS?

Ma mère a arrêté de travailler pour nous élever, mes deux frères et moi. Elle était très présente. C’était un choix de sa part. Pour elle, l’important était qu’on soit bien élevés même si on était pauvres. Moi aussi, je veux être là pour mes enfants. S’ils ont plus tard un conjoint ou une conjointe qu’ils aiment et un travail qui les passionne, je serai heureux.

QUEL CONSEIL DONNERIEZ-VOUS À UNE VERSION PLUS JEUNE DE VOUS-MÊME?

Courage, vision, passion, ce qui est le titre de mon dernier livre*. Courage, car il n’y a rien de facile dans la vie. Vision, car il faut agir de manière différente des autres, voir les grandes tendances, être ouvert sur le monde. Je lis beaucoup les nouvelles. Je m’imprègne de ce qu’il se passe dans le monde. Et la passion, car il faut toujours tout faire avec passion.

VOUS REDONNEZ BEAUCOUP À LA CMMUNAUTÉ, EST-CE PARCE QUE VOUS AVEZ CONNU LA PAUVRETÉ?

Oui, sans doute. On avait des paniers de Noël quand j’étais jeune, on allait se nourrir dans les sous-sols d’églises. J’ai vu ma mère faire du bénévolat pour toutes sortes de fondations. Depuis que j’ai commencé à gagner plus d’argent, soit environ sept ans, je redonne à la communauté. Et c’est drôle, plus je donne, plus ça me revient. Mon entreprise a explosé. Cette année, j’ai donné facilement dans les sept chiffres. Mais je ne fais pas que donner de l’argent. Je donne aussi de mon temps. Je vais prendre presque 30 jours cette année pour faire du bénévolat.

AVEZ-VOUS ENCORE DES RÊVES?

J’essaie de garder mon cœur d’enfant. J’aime apprendre. Je suis retourné étudier à HEC en 2020 pour décrocher une maîtrise. Je lis beaucoup. Mon rêve est simple : c’est que mes proches restent en santé. J’ai 58 voitures. Mais si je n’en avais plus aucune, cela ne changerait rien. Je souhaite aussi continuer à faire ce que j’aime, développer de nouveaux projets. Ma motivation n’a jamais été l’argent. J’étais un passionné d’informatique et cela m’a fait ouvrir des boutiques. Je ne me suis jamais dit « je veux devenir millionnaire ». La plupart des entrepreneurs veulent être libres de leur temps et être leur propre patron. L’argent vient après, si tu réussis à bien faire ce que tu fais.

Pour voir ses projets, veuillez visiter le www.poirier.com.

*Courage, vision, passion : conseils de deux générations, paru en 2019 et coécrit avec Jacques Lépine (éd. Un monde Différent).

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